L’exploitation de l’eau comme une ressource à répartir en de multiples usages (besoins domestiques, agriculture, industrie, énergie, transports, loisirs…) requiert de veiller à maintenir l’alimentation suffisante des réserves souterraines et de surface, afin d’assurer la pérennité et la diversité des ressources hydriques, ainsi que la sécurité d’approvisionnement du territoire wallon.
Dans un souci de gestion parcimonieuse du sol et des ressources naturelles, et pour autant que la structure géologique du gisement le permette, le carrier doit souvent privilégier l’approfondissement de son exploitation plutôt que son extension en surface. Cet approfondissement doit parfois se faire sous le niveau de la nappe d’eau souterraine. Certains matériaux peuvent être extraits dans l’eau (sable, craie) et séchés, mais d’autres exploitations, plus nombreuses, supposent le dénoyage et donc le pompage des afflux d’eau. Il s’agit de l’exhaure.
L’eau d’exhaure est constituée de toute eau (eau souterraine, pluies, ruissellements) qui doit être enlevée, par un moyen technique adéquat, pour permettre l’extraction à sec dans une carrière ou dans une mine.
L’eau pompée en carrière peut être utilisée à divers usages tels que le lavage des granulats, l’arrosage des pistes, des stocks, des chargements et des véhicules, le refroidissement des installations de cimenteries ou des lames de sciage de pierre de taille. L’utilisation d’eau en carrière, souvent organisée en circuit fermé de manière à limiter le volume d’eau prélevé, est la plupart du temps très marginale par rapport au volume capté.
Cette eau exhaurée peut également être valorisée en tant qu’eau probabilisable. Amener une eau de carrière au statut d’eau potable requiert un traitement approprié. L’eau exhaurée doit être protégée avant captage, prélevée près de son émergence et traitée pour éliminer les matières en suspension, éléments naturels indésirables (fer, manganèse…) et garantir sa qualité bactériologique jusqu’à sa distribution.
Aujourd’hui, pas moins de 30 000 000 m³ d’eau sont collectés chaque année en Belgique par le secteur extractif, dont 10 000 000 m³ servent à alimenter les réseaux publics d’eau potable. Ce volume correspond à la consommation annuelle de 75 000 familles.








Actions du projet
L’objectif du projet LIFE in Quarries est de développer des méthodes valides et testées permettant d’optimaliser le potentiel d’accueil de la biodiversité de plusieurs sites extractifs en activité en Belgique. L’aspect novateur de ce projet repose sur la mise en œuvre de mesures tant temporaires que permanentes de gestion de la biodiversité.
Les perturbations régulières générées par l’activité extractive contribuent à la création de milieux neufs et vierges qui se révèlent des habitats de choix pour de nombreuses espèces aux besoins particuliers, les espèces pionnières.
Le concept de « gestion dynamique » convient, donc, parfaitement à la gestion de cette nature temporaire puisqu’il repose sur une constante disponibilité de ces milieux pionniers, dans l’espace et le temps, de façon à ce que les espèces pionnières présentes sur le site puissent, en permanence, s’intégrer dans un réseau d’habitats propices au développement de leurs populations.
Le projet LIFE in Quarries vise le développement de ce concept pour plusieurs espèces-cibles rares et protégées en Wallonie qui profiteront des habitats générés par l’activité extractive pour se développer. C’est le cas, entre autre, de l’Hirondelle de rivage, des Lézards des souches et des murailles, des Crapauds accoucheur et calamite ou d’algues typiques de milieux pauvres comme les characées.
L’intégration de la gestion de la biodiversité durant la phase d’exploitation d’une carrière passe par la mise au point de nouvelles approches de développement de la biodiversité et de gestion administrative et légale. Dans une vision à long terme, dépassant la durée du projet LIFE In Quarries (2015-2021), la pérennisation de la gestion dynamique de la biodiversité des sites impliqués sera assurée par la signature de chartes entre les exploitants et le Département Nature et Forêts de la Région wallonne (DNF).
Un réseau d’habitats temporaires est géré de manière mobile dans le temps et dans l’espace en parallèle de l’activité extractive, assurant ainsi une disponibilité constante de milieux propices au développement de la biodiversité.
NATURE PERMANENTE
La phase de restauration des sites, une fois l’extraction terminée, est une phase importante dans la vie d’une carrière. Les actions de nature permanente du projet LIFE in Quarries ambitionnent de montrer que la réhabilitation d’un site extractif peut être initiée – sur les zones périphériques – en parallèle de l’activité industrielle, sans attendre la cessation des activités. L’objectif est de démontrer qu’une meilleure prise en compte des services écosystémiques, tout au long de la vie de la carrière, par un monitoring constant, peut, à terme, permettre de maximiser l’occurrence d’écosystèmes stables et riches en biodiversité.
Ces actions de conservation doivent contribuer efficacement au développement d’habitats diversifiés, hôtes de communautés originales et d’espèces rares, hors du réseau classique des réserves naturelles et du réseau Natura 2000.
Ainsi, les carrières pourront jouer un rôle d’étape (modèle du « pas japonais ») pour la migration, la dispersion et les échanges de populations au sein de zones fortement urbanisées.
